Pourquoi ne faut-il pas que deux ombres se superposent ?
Vous avez pu le remarquer, les ombres des invisibles changent par rapport aux émotions. Tous ces gestes imperceptibles, toutes ces petites expressions presque indéfinissables qui animent les visibles sont traduites chez les invisibles par les réactions chimiophysiologique de leurs ombres. Mais les ombres des invisibles ne sont pas seulement réactives, elles sont aussi sensibles. En effet, il est possible pour un invisible de ressentir la caresse de l’eau sur son ombre, la chaleur du soleil ou encore le croisement avec une autre ombre.

Mais, ce n’est pas tous, lorsque deux ombres d’invisibles se superposent, il se crée une réaction étrange, les deux ombres se font écho et les deux individus ressentent mutuellement ce que ressent l’autre, un peu comme une mise en abîme d’une sensualité et d’une émotion. Les deux invisibles s’échangent alors leurs ressentis, leurs émotions et leurs sensations en temps réel. C’est un flux d’information tellement dense qu’un visible ne peut même pas le concevoir.

La superposition des ombres est donc, pour un invisible, une des choses les plus intimes qu’il soit. Il est donc évident que dans la vie de tous les jours, on prenne garde de ne pas « fusionner » ainsi avec son patron ou son voisin. De plus, les sensations perçues par la superposition d’ombres réactives sont impérieuses, il est impossible de les ignorer, on est subjugué par elles, comme abasourdi.

Tout est donc conçu pour maîtriser ces ombres puissantes.
Une légende raconte que dans l’ancien temps, les invisibles parvenaient à contrôler les effets de leurs ombres au contact d’une autre. Mais les chercheurs actuels disent que c’est impossible.
Dans tous les cas, la vie s’est organisée autour de ça.
On ne superpose pas son ombre à celle des autres, c’est tout. Et heureusement, ce serait presque dangereux si on se mettait à ressentir ce que ressentent physiquement et émotionnellement tous les gens autour de nous. Quelle folie ! Ce serait insupportable.
C’est aussi pour maintenir le calme que les animaux à ombre réactive sont interdits dans les villes.
Vous imaginez, si l’ombre de mon chien se superposait à la mienne ! Je ressentirais alors ses émotions et ses sensations de chien, et qui sait alors si je ne sauterais pas au cou de mon patron ?
En même temps, lorsque j’y pense ce serait presque amusant (pas de sauter au cou de mon patron, mais l’idée d’une ville où les animaux sont autorisés), une ville peuplée de gens qui soudainement sont envahis de l’instinct d’un animal au hasard. Ce serait une ville un peu sauvage, un peu folle. Peut-être porterait-on des muselières, qui sait ?